“Aucune de vos publications ne m’a échappé”: quand Joë Bousquet écrivait à Gangotena
- antoinechareyre4
- 10 mai
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Joe Bousquet
L’Évéché
Villalier
(Aude)
Le 1er août 33
Monsieur,
Vous m’avez envoyé un recueil de poèmes Absence que j’ai lu avec le plus grand plaisir ; je le prends avec moi au bout de la mer pour vivre un peu en sa compagnie.
Je n’avais pas besoin de recevoir de recueil pour vous connaître. Aucune de vos publications ne m’a échappé. (Je garde un souvenir très précis du long poème que vous avez publié dans l’un des premiers numéros de Philosophies) Il est probable que nos regards se sont rencontrés sur les mêmes textes, que nous avons eu les mêmes admirations, les mêmes haines, que nous avons les mêmes amis.
C’est pourquoi je prends tant de plaisir à la lecture de ces poèmes ; vrais. Il y a aussi vos dons et ce talent plein de force et de sève qui m’a attaché à vos œuvres dès le début.
Je suis obligé de ne vous envoyer que ce rapide mot. Je pars demain pour La Franqui, près Leucate, Aude, pour y passer un mois. Vous ne tarderez pas à recevoir mon prochain livre.
Croyez, je vous prie, Monsieur, à ma profonde sympathie et à mon estime la plus réfléchie
Jo Bousquet
P. S. Avez-vous envoyé aux Cahiers du Sud un exemplaire ? Je vais voir avec Ballard si je peux parler moi-même de votre livre, ou si Gros se réserve de le faire.
[Lettre publiée dans Sous le figuier de Port-Cros : Lettres à Gangotena,
éd. établie par Mireille de Lassus et Georges Sebbag,
Paris, Jean-Michel Place, 2014, p.217.]