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“M. Gangotena a peut-être du génie”: 5 notules sur Orogénie

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    antoinechareyre4
  • 4 déc. 2024
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 10 févr.

L’œuvre poétique française d’Alfredo Gangotena (1904-1944), Équatorien de Paris (puis exilé à Quito), a pu susciter en son temps quelques recensions majeures, signées par Jean Cassou, Georges Pillement ou l’ami Henri Michaux, entre autres, à propos des recueils Orogénie (1928) et Absence (1932). Des textes à retrouver dans le «Dossier» de notre édition d’Orogénie et autres poèmes français, établie et préfacée par Émilien Sermier.

Mais le recueil Orogénie, annoncé depuis 1925 dans la collection «Une œuvre, un portrait» des Éditions de la N.R.F. — s’il vous plaît —, et finalement imprimé en mars 1928 pour arriver dans les librairies en juillet, provoqua aussi quelques échos diversement révélateurs, tantôt des commentaires peu avertis, tantôt des jugements de critiques avancés, autrement exigeants question modernité.

Ainsi de cette notule pleine d’encouragements :

 

Orogénie, par Monsieur Alfredo Gangotena. À la N. R. F.

par Aristide

 

L’auteur dédie son livre à quelques amis dont les noms sont garants de modernisme. Mais peut-être les dépasse-t-il en modernisme. Il vogue à travers Apollinaire et les surréalistes, et plus loin encore. Et, lyriquement, il aborde au pays de Gongora.

À dire vrai, il y a ici un livre raté à cause de ses préciosités, mais la matière d’une poésie large, puissante, d’une poésie de forêt vierge.

Allons, Monsieur Alfredo Gangotena, débarrassez-vous de vos petites défroques littéraires, et allez-y carrément, au galop, à la gaucho!...

 

Aux écoutes…, n° 539, Paris, 15 septembre 1928, p. 18.


*


Un peu stupéfaite quant à elle, cette notule parue dans la Revue française (certes pas la Nouvelle):

 

Ô Lumière…

par Furet

 

Coruscante, dans sa bouche, la panacée !

Les veines du père ne sont

Que ficelles d’azur, ramure du blason,

De son crâne l’esprit a fait

La seule boussole de la pensée

Les mains qui soulèvent ce plafond :

Touches de science et de progrès…


Quoi ? Quoi ? Mais des vers français, d’un recueil qui vient de paraître, intitulé Origénie [sic]. Vous ne vous en fussiez pas douté? Moi non plus. Il est vrai que l’auteur est M. Alfred [sic] Gangotena, et qu’il est originaire de Quito (Équateur)…

 

Extrait de la rubrique « Actualités et souvenirs »,

La Revue française, n° 38, Paris, 16 septembre 1928, p. 312.


*


Heureusement, il y eut également celle-ci dans L’Intran', somme toute prometteuse:

 

Les lettres

par Les Treize

[extrait]

 

Orogénie, par M. Alfredo Gangotena (N.R.F., édit.). — Des poèmes. M. Gangotena a du souffle. Son inspiration est même parfois d’ordre apocalyptique. Il roule des montagnes et joue avec des mers. Il donne un lien à tous ses poèmes: l’inévitable inquiétude métaphysique.

C’est grand, large, très riche. M. Gangotena a peut-être du génie.

 

L’Intransigeant, Paris, 22 septembre 1928, p. 2.


*

 

Mais enfin, même en critique averti, quitte à parier sur l’avenir il fallait tempérer les enthousiasmes, jusque dans les Nouvelles littéraires où Cassou, deux semaines plus tôt, avait peut-être été par trop laudatif :

 

Poèmes

par

Marcel Sauvage

[extrait]

 

La bonne volonté lyrique de M. Alfredo Gangotena, auteur d’Orogénie, est incontestable. M. Alfredo Gangotena est un poète avec des dons d’orateur. Il a des cris et des gestes. Il a du talent, mais cela ne suffit point pour que le chaos traversé d’éclairs d’Orogénie et de l’Orage secret constitue un bon livre. Attendons la suite qui, j’imagine, ne saurait tarder. M. Alfredo Gangotena ne manque point de facilité, en effet.

 

Les Nouvelles littéraires, n°312,

Paris, 6 octobre 1928, p. 3.


*


Pour finir, à l’attention du lectorat belge, on voulut bien entrevoir un «grand poète»:


Les livres français

Poésie

par

Fernand Divoire

[extrait]

 

Les poètes recommenceraient-ils à écrire des vers ? J’ai reçu un certain nombre d’ouvrages nouveaux qui tous, hélas ! ne sont pas à signaler. Mais je note Orogénie, de M. Alfredo Gangotena (N.R.F., édit.), écrivain de langue française qui habite l’Équateur. Il y a là toutes les erreurs et toute la magna du mauvais modernisme. Il y a là aussi un admirable lyrisme. Que M. Gangotena s’épure, renonce à des tâches faciles. Et nous le saluerons sans doute comme un grand poète. Écoutez déjà des vers comme ceux-ci :


Croix oblique de ces mondes nouveaux

Mes membres s’exhaussent jusqu’à la cime de tes points cardinaux…

… Seigneur, votre image taillée dans l’immense fatigue de mon sang.

 

Le Soir, Bruxelles, 16 octobre 1928, p. 6.

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